31/10/2019
Un mois et demi après l’ouverture de la Saison Administrative des Feux de Forêt (SAFF) 2019, et face à la multiplication des départs de feu sur l’ensemble du territoire, l’Observatoire de l’environnement en Nouvelle-Calédonie (OEIL) fait le point sur la saison en cours.
Quelques chiffres clés : les incendies détectés en 2019
Le suivi par satellite opéré par l’OEIL fait état de 457 incendies détectés en date du 30 octobre pour l’année 2019, pour une surface d’environ 11 000 hectares brûlés (fig.1). A la même date l’année dernière, on en était à 139 événements, qui s’étaient étendus sur un peu plus de 3 000 hectares.
2019 : une année qui pèse déjà lourd sur les milieux naturels
Depuis le début de la Saison Administrative des Feux de Forêt (SAFF), 194 feux ont été recensés, soit 42% des événements sur l’année (fig.2).
Ainsi, la saison 2019 affiche déjà un bilan supérieur à l’intégralité de la SAFF 2018 qui comptait 130 détections, mais reste encore en-deçà du triste record de 2017 (fig. 3).
Ces quelques chiffres clés amènent à penser que 2019 est déjà à considérer comme une année intense de pression due aux incendies sur les milieux naturels, comme en témoignent les premières données sur l’impact écologique des 457 incendies décomptés en 2019 :
- 57 ont potentiellement touché des périmètres de protection des eaux depuis le début de l’année (17 en province Nord, 5 en province Sud)
- 16 des périmètres d’alerte sur les espèces menacées
- 292 de la strate arborée (forêts ou formation végétales assimilées)
- 373 de la strate arbustive (maquis dense, ou formations végétales assimilées)
Quelques faits marquants :
- un incendie qui s’est déclaré, et a été maîtrisé, en plein périmètre RAMSAR des Lacs du Grand Sud, lundi 28 octobre.
- à l’heure où nous écrivons (31/10/2019), les flammes menacent la réserve du pic Ningua à Thio.
- l’incendie de Moindou semble avoir touché un patch de forêt sèche : au-delà de toutes les pertes animales, agricoles, et économiques causées par cet événement, sachant qu’il reste environ 2% du territoire occupé par cet écosystème unique, chaque atteinte constitue une lourde perte.
- à Bélep le 16 octobre, c’est une zone de fort micro-endémisme qui a été touchée sur l’île d’Art : elle abrite pas moins de 24 espèces endémique à la Nouvelle-Calédonie et 37 micro voire nano-endémiques de l’île d’Art, sans compter les nouvelles espèces découvertes en cours de description (source : Endemia).
Les études ont montré que, chaque année, entre 70 et 80% des incendies sont ceux de moins de 10 ha, alors que les plus étendus, moins de 5% d’entre eux, sont responsables de plus de 50% des surfaces brûlées. Nul doute qu’en 2019, les événements de Ouégoa et Pouébo du 20 octobre, ainsi que celui de Moindou ce début de semaine, en feront partie.
Pour rappel, en matière de priorité de lutte, la prise en compte de l’impact environnemental des incendies vient après les vies humaines, et les biens matériels. Cependant les conséquences des feux sur les services que les écosystèmes rendent à l’Homme sont nombreuses, à commencer par l’appauvrissement de la ressource et de la qualité de l’eau, l’augmentation du risque d’érosion, ou encore la contribution aux émissions de gaz à effet de serre, pour ne citer qu’elles.
Pour en savoir plus sur les impacts sur les milieux naturels en Nouvelle-Calédonie, consultez la plaquette « Les incendies : notre environnement en danger ! », distribuée cette année dans tous les établissements scolaires et centres de secours du territoire, et gratuitement accessible en ligne.
Les incendies : notre environnement en danger ! (Essentiel n°4 - Mai 2019)En Nouvelle-Calédonie, les incendies, ou « feux de brousse », constituent une des premières causes de destruction des milieux naturels. Que ce soit directement ou indirectement, des écosystèmes sont touchés sur terre, dans les rivières, et jusqu’en zone côtière. Voir le bilan : 2017 |
Les outils de suivi des incendies proposés par l’OEIL sont accessibles à tous
► Générer ses propres cartes et statistiques
Par exemple, pour savoir combien d’incendies ont été détectés par province et par mois en 2019, voici comment procéder :
1. Aller sur le site du portail cartographique VULCAIN
2. Cliquez sur l’icône d’analyse, dans le menu en haut à droite : une fenêtre d’analyse apparaît.
3. Laissez-vous guider dans la sélection de vos critères d’intérêt : zone géographique, période, thématiques (captages d’eau, zones d’intérêt environnemental, zones urbaines, routes, etc.).
4. La carte se met à jour selon votre sélection.
5. Vous pouvez générer un lien pour partager cette carte personnalisée.
6. Pour aller plus loin, vous pouvez générer les statistiques sous forme de tableaux et/ou de graphiques que vous pourrez exporter et partager à loisir.
► S’abonner aux alertes mail
C’est gratuit, et très simple : lorsqu’un incendie sera détecté sur la zone qui vous intéresse, vous recevrez un courriel contenant toutes les caractéristiques de l’événement, et une carte de localisation.
Pour vous abonner au service d’alertes par messagerie électronique :
1. Rendez-vous sur la page d'abonnement d'Alerte Incendies
2. Saisissez votre adresse email
3. Sélectionnez vos critères d’alerte (commune, province, aire protégée, thématique environnementale ou économique…)
Les contributeurs du projet
Ressources
- Consulter le géoportail VULCAIN : geoportail.oeil.nc/alerteincendies
- S’abonner à Alerte Incendies : oeil.nc/AlerteIncendies/AbonnezVous
- Consulter la documentation grand public sur les incendies : www.oeil.nc/fr/page/plaquettes
- Consulter le bilan technique des incendies de 2017 : Analyse spatiale de l’impact environnemental des incendies de 2017 sur la Nouvelle-Calédonie (OEIL l Kartomatik)
- Le site de l’OEIL : www.oeil.nc