Les diatomées : petites mais précieuses

Lors de la traversée d'une rivière, il n'est pas rare de glisser sur un rocher. Certains d'entre nous ont déjà rencontré à leur insu les coupables de ces glissades incontrôlées. Enquête sur des micro-algues invisibles à l'oeil nu.

La surface visqueuse des roches est en fait souvent le résultat d’une colonisation par un tapis d’algues microscopiques : les diatomées. Micro-algues unicellulaires, elles jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes des cours d’eau. Consommées par des poissons, mollusques et autres brouteurs, elles constituent l’un des premiers maillons de la chaîne alimentaire. Mais pas seulement…

M. Juncker
     M. Coste

Les diatomées dans l’œil des scientifiques

Véritable première en Nouvelle-Calédonie, une étude sur les diatomées des rivières de la Grande Terre a débuté en octobre 2012. Aux commandes de ce projet novateur : l’Observatoire de l’environnement et le CNRT (Centre National de Recherche Technologique), en partenariat avec la DAVAR, l’IRSTEA (ex-Cemagref), Asconit Consultants et Biotop. Objectif : étudier la possibilité de faire des diatomées un indicateur de la qualité des cours d’eau sur le Territoire. Ces micro-algues sont en effet déjà utilisées aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, au Japon, dans tous les pays de l'Union européenne depuis des dizaines d’années pour la surveillance de la qualité des cours d’eau. En France métropolitaine, des indices basés sur ces micro-algues et appelés indices diatomiques ont été développés et sont à ce jour utilisés en routine, chaque année, pour évaluer ou « noter » la qualité des cours d’eau. Des indices similaires ont également été mis au point récemment (2012) pour les îles de la Réunion, de la Guadeloupe et de la Martinique.

Des indicateurs

Certaines espèces sensibles aux pollutions sont rapidement affectées par des perturbations du cours d’eau : on peut alors observer des déformations du squelette des individus ou tout simplement leur disparition !

Les diatomées réagissent essentiellement aux pollutions physiques et chimiques (contamination métallique, pollution organique, etc). Elles sont donc susceptibles d’apporter une information complémentaire à ce qui existe déjà en Nouvelle-Calédonie : les indicateurs basés sur les invertébrés (IBS et IBNC) renseignent en effet sur les pollutions physiques et chimiques mais surtout sur les perturbations de l’habitat (comme des travaux qui perturbent l’écoulement ou l’érosion des berges).

                   
                              J. Marquié

Comment les étudier ?

Pour les collecter rien de plus simple : les scientifiques prélèvent les diatomées benthiques (celles qui vivent au fond) en frottant la surface des galets de la rivière à l’aide d’une brosse à dent. Le « jus » verdâtre conservé dans un pilulier contient des milliers de micro-algues qui seront ensuite observées au microscope de retour au laboratoire. Grossis plus de 1 000 fois sous l’objectif du microscope, les squelettes sont semblables à du verre (constitués de silice). Les experts identifient alors les espèces présentes et les éventuelles anomalies de forme. Étape difficile puisque les scientifiques estiment qu’il existe au total plus de 100 000 espèces de diatomées dans le monde !

"Comme pour les invertébrés vivant au fond des rivières, la diversité des espèces de diatomées peut renseigner sur la qualité de l'eau"

Vers un indicateur diatomique

En décembre 2012, une première campagne de prélèvements avait permis de collecter 64 échantillons dans 45 cours d’eau de la Grande Terre. Les résultats de cette importante mission de terrain devraient avaient permis de confirmer que les diatomées sont de bonnes candidates pour le développement d’un nouvel indicateur de l’état de santé des cours d’eau de Nouvelle-Calédonie. Le développement de l’indicateur « diatomées de Nouvelle-Calédonie » s'est déroulé sur cinq années. Il est en cours de finalisation (publication prévue courant 2018).

Carte d'identité

Nom


Diatomée

Habitat


Je suis présente dans tous les milieux aquatiques de la planète me procurant eau et lumière : océans, estuaires, rivières…

Anatomie


Mon corps est formé de deux valves (ou coques silicieuses) qui s’emboîtent l’une dans l’autre comme les deux parties d’une boîte de camembert, formant ainsi le frustule. Protégée dans mon squelette, comme dans un manteau, l’unique cellule dont je suis composée contient des pigments (chlorophylle) qui me donnent une couleur brunâtre et me permettent d’utiliser l’énergie lumineuse pour me nourrir : c’est la photosynthèse.

Voir l'OEIL Magazine n°5 (Mai 2013).

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